BOUCEFRANC-LE CHAPUS : FORT LOUVOIS OU FORT DU CHAPUS (17) :
Dernier ouvrage de fortification maritime commandé par Louis XIV, pour défendre les pertuis contre les incursions de navires ennemis, il est situé entre l’île d’Oléron et le continent, et verrouille l’accès sud à la rade de Rochefort. Projet initié par le marquis de Louvois, alors ministre de la guerre, sa mise en Å“uvre est confiée à l’ingénieur François Ferry. Les fondations sont posées en 1691 et le gros oeuvre est achevé en 1694. À la mort de Louvois, Vauban en réduit l’ambition, et limite la construction à une partie de l’ovale envisagé, pour lui donner sa forme définitive de fer à cheval. Le fort est accessible à marée basse par une chaussée empierrée submersible. Le fort est aménagé au XVIIIe siècle pour rester en phase avec les progrès de l’armement, notamment en réduisant le nombre d’embrasures à dix, sur les seize initialement construits et prend sa forme définitive. Armé de canons puis d’obusiers au XIXe siècle, il conserve une garnison et son potentiel militaire. Classé monument historique depuis le 14 juin 1929, il est sévèrement bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale lors de la libération de Marennes le 10 septembre 1944. Racheté à l’Administration centrale des Domaines par la commune de Bourcefranc-le-Chapus, il est entièrement restauré sous la direction de la DRAC dans les années 1960. Le fort Louvois abrite depuis 1972 le Musée de l’huître ainsi qu’une exposition permanente consacrée à l’histoire du fort, notamment composée des maquettes des fortifications du littoral charentais. En 2010, lors de la tempête Xynthia, le fort a été inondé (80 cm d’eau) et le pont-levis arraché, comme lors de la tempête de 1999. Le fort a accueilli plus de 26 000 visiteurs cette année-lÃ

BROUAGE (17)
Située dans une zone de marais très certainement fréquentée depuis le Moyen Âge, Brouage est fondée en 1555 par Jacques de Pons et baptisée du nom de Jacopolis-sur-Brouage. Ce centre de négoce pour le sel est construit sans aucune intention militaire et la ville n’est alors entourée que d’un rempart de bois et de terre. Pendant les guerres de religion, la ville est tour à tour prise par les catholiques et les huguenots. En 1576, lors de la sixième guerre de religion, le duc de Guise prit la ville afin de compléter l’encerclement de la place protestante de La Rochelle. Cette même année, Henri de Navarre, futur Henri IV, séjourna dans la place forte. , elle reçoit ses premières fortifications en 1569, édifiées d’abord sur les plans d’ingénieurs italiens puis sur ceux de Robert de Chinon. Henri III en fait une ville royale en 1578. Le roi change également le nom de la ville, Jacopolis devient Brouage. C’est à cette époque que le tracé des fortifications est définitivement fixé : un carré à trame orthogonale, entouré d’une enceinte à sept bastions répartis aux angles, sur les côtés nord et sud pour protéger les portes, et à l’ouest. Une demi-lune borde l’un des flancs. En 1586, les Rochelais rendirent inutilisable le port de Brouage. Le prince de Condé fit couler 21 anciens navires de guerre pour bloquer le port et celui-ci ne fut d’ailleurs jamais totalement dégagé par la suite. et le siège de La Rochelle en 1627 allaient faire de Brouage, alors située au bord de la mer, un point stratégique pour le contrôle des salines charentaises. Prise à son tour par les catholiques et les huguenots. En 1627, le cardinal de Richelieu est nommé gouverneur de la ville. C’est à cette occasion que celle-ci prend alors le nom de Brouage. Il ordonne que d’importants chantiers soient réalisés de 1628 à 1641, sous la direction de l’ingénieur Pierre de Conti, seigneur d’Argencourt. Un arsenal, une halle aux vivres, des magasins à poudre et une forge royale y sont construites. À l’extérieur, il fait revêtir de pierres de taille les murailles de Robert de Chinon. Brouage devient alors le prototype des arsenaux modernes et le premier port européen d’exportation du sel, et avec Brest et Le Havre, l’un des trois pivots de la politique navale de Richelieu. En 1653, Mazarin devint gouverneur de Brouage. En 1659 celui-ci y exila sa nièce, Marie Mancini pour l’éloigner du jeune Louis XIV qui la courtisait mais qui devait épouser pour des raisons politiques l’infante espagnole Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683). En 1685, l’ingénieur François Ferry, collaborateur de Vauban, modernise les bastions et le chemin de ronde, épaissit les remparts, dans l’optique d’une réhabilitation de la place que Vauban juge plus intéressante que Rochefort en tant qu’arsenal. Les corps de garde sont restaurés et les dehors rasés. Le programme de Ferry, qui prévoit une remise en eau d’une partie de Brouage, est resté inachevé. Seule la moitié sud de la ville en a bénéficié. Les travaux réalisés par Vauban et Ferry se révèlent être un mauvais investissement puisque l’arsenal de Rochefort est finalement préféré à celui de Brouage, car jugé plus efficace. La ville est intégralement démilitarisée en 1885 et doit faire face à un exode massif de sa population. L’exportation du sel n’est plus assez rentable et le paludisme sévit dans le marais. Les remparts s’arasent progressivement. Aujourd’hui réinvestie, la place de Brouage est liée administrativement à la commune voisine de Hiers. L’enceinte urbaine et le plan d’urbanisme de Brouage ont été conservés presque intégralement. La seule destruction fut une trouée routière percée près de la porte du rempart nord. Les bâtiments existants se visitent librement ou lors de visites guidées : la caserne, les poudrières, la forge royale, la halle aux vivres et les hangars de la courtine du front nord.
FORT DE L’AIGUILLE– FOURAS (17) :
Estuaire de la Charente : Cette redoute dite Fort Vauban fut construite en 1673 par monsieur de Sainte-Colombe (1610-1688) pour barrer l’étroite péninsule de la pointe de l’Aiguille à l’endroit le plus étroit de la presqu’île de Fouras. Il s’agit de la plus grande des redoutes construites sur le littoral de Charente-Maritime. Elle était destinée à empêcher la prise à revers du château de Fouras par un ennemi débarqué à la Pointe de la Fumée ou à l’isthme d’Enet. Cette redoute de forme rectangulaire de 70 m sur 58 m était baignée au sud et au nord par la mer. La redoute occupait toute la largeur de la péninsule. Les côtés est et ouest possédaient un fossé envahi par l’eau de mer. Elle était conçue avec des talus en sable soutenant les plateformes pour seize canons. Le travail de sape de la mer est tel que dès 1699, dans un courrier du 12 mai au ministre, Ferry, ingénieur chargé de la fortification de l’Aunis et Saintonge, en 1688, avec des murs en pierre sur les quatre côtés. Elle fut le prototype des redoutes garde-côte construites sous le règne de Louis XIV. Ferry précise que cette redoute, une des plus grande de France se trouve presque entièrement éboulée et qu’il ne reste plus que son logement, son pont et la masse de ses terres sur lesquels on puisse compter mais que sa position stratégique implique qu’il faille absolument « la mettre en sa perfection ». Il demandera constamment à ce qu’elle soit revêtue comme prévu au commencement des travaux. Elle sera finalement parementée sur ses quatre faces dans la seconde moitié du XVIII ème siècle, reconnaissance à titre posthume pour cet ingénieur. A l’origine, les deux fossés d’isolement étaient alimentés par des vannes percées dans les batardeaux latéraux. Il y avait également deux flèches, l’une au sud qui permettait de couvrir l’écluse alimentant en eau le fossé et l’autre au nord lui faisant pendant. Le principe de cette redoute verrouillant une péninsule à sa racine est repris la même année 1673 à Sablanceaux et au Martray dans l’île de Ré. Les escarpes fortement talutées de la redoute maçonnée au XVIIIème sont échancrées d’embrasures d’artillerie couvrant la rade de l’île d’Aix. Cette position permettait de mettre en batterie 16 pièces d’artillerie de fort calibre. Elle fut le prototype des redoutes garde-côte construites sous le règne de Louis XIV Aujourd’hui, il n’a plus de contact avec la mer que du côté méridional. Construit en même temps que le fort Lapointe, il était destiné à repousser une éventuelle invasion par la pointe de la Fumée. Grâce à ses fortifications, il permet de voir sans être vu, tout en résistant de manière efficace aux attaques des navires du large. Aujourd’hui propriété de la municipalité de Fouras et inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, le fort de l’Eguille ne peut cependant être visité par le public. Le site, que la mer ne baigne plus que du côté sud, fut acquis en 2001 par la commune de Fouras qui le clôtura pour des raisons de sécurité


FORT LUPIN (17) : :
La construction du fort Lupin est décidée en 1683 par Louis XIV pour compléter le dispositif défensif de l’arsenal de Rochefort. Les premiers plans sont dessinés par l’ingénieur François Ferry qui les soumet à Vauban. Celui-ci, considérant le projet de son subordonné trop coûteux, le réduit et propose la construction d’un fort plus petit. Louis XIV accepte ce dernier projet. Le chantier débute en 1685 et est terminé en 1689, au début de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Le fort Lupin est construit sur le plan-type établi par Vauban pour les tours à batterie basse. Cette batterie en forme de fer à cheval est dotée de 22 embrasures à canons. Côté terre, le fort est défendu par un chemin couvert doté de deux places d’armes rentrantes. Un pont permet de franchir le fossé en eau. Au centre, la tour à trois niveaux comporte : un magasin à poudre et un arsenal au rez-de-chaussée, une chapelle au premier étage, et un hourd au sommet. La tour est en diagonale et protégée par un fossé sec du côté de la batterie. Deux casernes de quatre chambres chacune, et percées de meurtrières côté terre, occupent les deux côtés de la tour. Un corps de garde, un four et des latrines complètent l’ouvrage. Bien que menacé de destruction sous le Premier Empire, le fort Lupin existe toujours et est très bien conservé ; le hourd de la tour est le seul élément à avoir disparu. Déclassé par l’État en 1950, il est vendu à des particuliers et classé au titre des Monuments historiques depuis 1950. Actuellement, il est ouvert à la visite.
FOURAS (17) :
Estuaire de la Charente : Site fortifié depuis le XIe siècle, le donjon actuel du château est construit vers 1300 puis remanié en 1480 à la demande de Jean II de Brosse. En 1666, le château devenu un fort devient une pièce maîtresse de l’arsenal de Rochefort, parce qu’il commande la rade où s’arment les vaisseaux du roi. En 1689, pendant la Guerre de Hollande, l’ingénieur François Ferry, ingénieur chargé de la fortification de l’Aunis et Saintonge, en 1688, modernise le site, sous la direction de Vauban qui ne prend pas part aux projets. Une enveloppe est construite autour de l’ancien donjon qui est lui-même blindé pour porter en terrasse du canon et un poste de signalisation maritime. Le chantier est interrompu vers 1691. En 1693, une batterie d’artillerie semi-circulaire est construite du côté de la mer ; Afin de permettre de supporter le poids des 9 canons installés sur la terrasse d’artillerie créée, il renforce les murs en les épaississants par l’intérieur et en créant un mur médian de soutènement. Ferry construira en 1693 à l’avant du donjon à quelques mètres au-dessus de la Charente une batterie basse semi-circulaire avec une échauguette médiane. Les gens du pays surnommèrent cette construction la  » lune  » et en firent une curiosité pour les voyageurs. En 1847-1848, une nouvelle campagne de construction fut entamée. La batterie à l’ouest du donjon fut casematée afin de prendre le littoral en enfilade pour empêcher tout débarquement. Une caserne à un seul niveau avec deux pavillons bastionnés fut construite à l’est du château. La caserne sera rasée en 1935 (le parking actuel en occupe l’emplacement). Du château médiéval, il subsiste l’aspect extérieur du donjon et le front est (face au parking) avec l’entrée à pont-levis et les deux tours datés du XVe siècle. Déclassé en 1889, le fort est réutilisé par la Marine nationale dans la première moitié du XXe siècle, qui y installe un sémaphore. La commune l’acquiert dans la seconde moitié du XXe siècle. Le fort est classé au titre des Monuments historiques depuis 1987. L’ensemble des aménagements de la période Vauban subsiste, de même que le donjon médiéval remanié. Ce dernier abrite aujourd’hui un musée maritime.


ILE D’AIX (17) : FORT DE LA RADE (Fort de la Sommité) :
L’île d’Aix se trouvant au cÅ“ur de la ceinture fortifiée protégeant la rade de l’arsenal de Rochefort, on y édifie deux forts sous Richelieu, renforcés par Vauban, reliés sur le contour de l’île par une série de batteries, activée en temps de guerre et prolongés par d’autres forteresses, sur le continent, l’île d’Oléron (fort des Saumonards), et dans le pertuis de Maumusson (fort Louvois ou Fort du Chapus). Proposée dès 1667 par la commission des fortifications, la construction du fort ne commencera qu’en 1691, suivant le projet de Vauban. Accessible par un pont-levis et entouré de douves, l’ouvrage est par la suite flanqué de cinq bastions, dont les stigmates restent visibles aujourd’hui lors des grandes marées.  » La grande tour ou donjon, le pont de l’entrée du fort, le parapet de maçonnerie, une caserne… le grand môle des débarquements, le moulin à vent » s’achèvent fin de l’été 1693. L’ensemble fortifié sera totalement achevé en 1703. La tour était composée de trois niveaux : un sous-sol, situé au niveau des douves, destiné au stockage des munitions de guerre et de bouche ; un rez-de-chaussée, situé au niveau terrestre, permettant la communication avec le corps de place. On y trouvait aussi un corps de garde et un arsenal et un niveau supérieur faisant office de plateforme d’artillerie pour 14 canons avec deux pavillons servant respectivement de hangar d’hivernage (pavillon sud) et de chapelle (pavillon nord). Au centre, une tour haute coiffée d’un clocheton servait à la fois de poste de surveillance, d’amer pour la navigation et peut-être même de phare. Incendiée par les Britanniques avant de quitter l’île d’Aix et de mettre à la voile, la caserne originelle n’existe plus. Vaste bâtiment (60 m x 15 m) composé de deux niveaux, la caserne occupait une place importante dans le fort et pouvait accueillir 180 hommes. Outre le fort, Vauban a prévu la construction sur l’île d’un village avec un tracé des rues en éventail. En septembre 1757, la flotte anglaise commandée par l’amiral Hawke se présente dans la rade de l’île d’Aix, et détruit entièrement ce premier fort. Après la mise à sac de l’île par les Anglais en septembre 1757, le Fort de la Rade est réparé mais on supprime la garnison en 1768. Un fort en bois est réalisé en quelques semaines en 1779. Les véritables constructions de défenses de l’île ne commencent qu’à la moitié du XVIIIe siècle, sous forme de fortifications, voulues par Louis XV. Le 23 septembre 1757, les fortifications ne sont pas terminées lors d’une attaque anglaise, commandée par l’amiral Hawke, et composée de dix-huit vaisseaux de ligne, de neuf frégates, et de deux galiotes à bombes et d’environ 90 bâtiments de transport montés par 11 000 hommes de troupes. Trois jours après, il force la faible garnison de l’île d’Aix à se rendre, après avoir détruit par le canon tous les ouvrages de défense. Les anglais ravagent le donjon et le village, puis partent avec la cloche de l’église, après avoir rasé son clocher. La flotte anglaise reprend la mer le 1er octobre. En 1779, Montalembert, secondé par Choderlos de Laclos, entreprend la construction sur le même emplacement d’un ouvrage en bois, fort éphémère puisque détruit en 1783 sans avoir jamais livré le moindre combat. Le fort de la Rade doit sa physionomie et son nom actuels aux travaux napoléoniens. Doté d’un imposant bâtiment central destiné à accueillir les pièces d’artillerie, le fort dispose de longs remparts permettant de faire le tour de l’ouvrage, en offrant une vue imprenable sur les îles Madame, d’Oléron et de Ré, les deux phares de l’île d’Aix, et le célèbre fort Boyard. Divers réaménagements sont effectués durant la seconde moitié du XIXème siècle, dont des abris en béton datant de 1890.
ILE MADAME (17) :
En 1685 débute la fortification de l’île Madame, avec la construction de deux batteries équipées de canons. Ce n’est que vers 1693 que les premiers talus sont élevés. La batterie de la Passe aux Filles voit le jour en 1695. Son tracé est bien identifié avec la redoute construite en 1703 sur la carne de Cassini.En 1703, vient s’ajouter le Fort de l’île Madame et des casemates, qui assurent la protection de la rade de l’île d’Aix et de l’arsenal maritime qui sont de plus en plus menacés par la Marine anglaise. Au début du 18ème siècle, la redoute de l’ingénieur Rousselot, carré de 36m de côté, coiffe le sommet de l’île en vis-à -vis du Fort Vauban à Fouras. Au milieu du 19ème siècle, l’ajout d’une caserne défensive pour 250 hommes sur la face sud-est du fort et la construction d’une batterie orientée vers la rade de l’île d’Aix parachève la défense de l’île Madame. Le fort sera utilisé comme prison à partir de la Révolution.


ILE D’OLERON (17)
ILE D’OLERON – CHATEAU D’OLERON :
Ville médiévale et principale agglomération de l’île du même nom, Le Château d’Oléron aurait reçu ses premières fortifications et son premier château au XIIe siècle, pendant la gouvernance des ducs d’Aquitaine. Le château est démantelé en 1622 sur ordre de Louis XIII lors de la reconquête de terres passées à la religion réformée. En 1628, Richelieu ordonne la construction de la citadelle actuelle, à l’est de l’emplacement de l’ancien château, avec l’objectif de verrouiller le coureau d’Oléron, mais également de contrôler les chargements de sel sortant de la place forte de Brouage. Le chantier, dirigé par l’ingénieur d’Argencourt, dure onze ans. Lorsque Louis XIV ordonne la création de Rochefort, le site d’Oléron est retenu comme place avancée pour la défense du nouveau port arsenal. Le chantier, dirigé par l’ingénieur d’Argencourt, dure onze ans. Lorsque Louis XIV ordonne la création de Rochefort, le site d’Oléron est retenu comme place avancée pour la défense du nouveau port arsenal. Les travaux débutent en 1630, sous la direction de l’ingénieur Pierre de Conty d’Argencour, de Louis Nicolas de Clerville puis de Vauban. Ce dernier préconise une extension de l’ouvrage édifié par ses prédécesseurs, ce qui entraîne la destruction d’une grande partie de la cité (maisons, bâtiments publics, couvents et églises, ces dernières étant remplacées par un édifice moderne en 1700). La citadelle abrite une garnison ainsi que le logis du gouverneur de l’île. Elle est également une étape où viennent s’entraîner les soldats en partance pour la Nouvelle-France (Acadie, Québec, Louisiane) il dote l’ouvrage d’un front de mer bastionné et d’une enveloppe côté terre en 1675. Dès 1688, Vauban dessine un projet pour Oléron, dont il confie la mise en Å“uvre à Ferry. Il envisage un front de terre hypertrophié et une vaste enceinte de ville équipée de tours bastionnées pleines, restée inachevée. Ferry fait raser une partie de l’enceinte de l’époque de Richelieu et construit deux ouvrages à corne, l’un vers la ville doté d’une demi-lune, l’autre devant les marais. Ce dernier s’effondrera peu de temps après sa construction. Une seconde demi-lune est bâtie en complément de celle de d’Argencourt. Les chemins couverts et les glacis sont terminés cinq ans plus tard. La modernisation de l’enceinte de la ville reste inachevée. En 1741, la façade de la porte principale et le pont dormant sont restaurés. En 1758, une descente des Anglais durant la Guerre de Sept Ans incite le Génie français à renforcer les défenses du côté de l’île d’Aix. Une poudrière est construite au sein du bastion Saint-Nicolas en 1780. Alors que Le Château d’Oléron est devenu une ville de garnison, la citadelle n’est que très peu modifiée au siècle suivant. Le site est réquisitionné par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale et détruit à 90% en 1945 par les bombardements alliés. Classée au titre des Monuments historiques en 1929, la citadelle et les remparts urbains ont été conservés et se visitent. La citadelle a été restaurée deux fois : la première entre 1959 et 1970, suite aux bombardements de 1944-1945 ; la seconde en 1988, afin de réparer les dégâts causés par son abandon depuis 1970. Les bâtiments de la citadelle sont devenus des lieux d’expositions et de manifestations culturelles. Le plan-relief de 1703, restauré en 1772, 1828, 1920 et 1936 est conservé au Musée des Plans-Reliefs de Paris et permet de documenter l’aspect des fortifications à l’époque de Vauban. Une copie du plan-relief est exposée dans la poudrière. Oléron ne présente qu’un intérêt mineur pour l’œuvre de Vauban, en tant que place remaniée. Néanmoins, elle témoigne de la fortification bastionnée française sous Louis XIII, ainsi que de l’œuvre du Chevalier de Clerville, prédécesseur immédiat de Vauban.
ILE D’OLERON – ENCEINTE URBAINE :
A partir de 1700, Vauban fait reconstruire la Cité qu’il avait détruite pour la réalisation de la Citadelle. Une ville nouvelle est reconstruite aux abords de la forteresse. Ses rues se coupent à angle droit (plan hippodamien ou orthogonal), irradiant à partir d’une place d’armes. Trois portes fortifiées permettaient l’accès à la cité : la porte de Dolus, la porte des Pêcheurs et la porte d’Ors (aujourd’hui détruite).
ILE D’OLERON – BATTERIE DU SAUMONARD : En 1701 sont établies, probablement par l’ingénieur Ferry, des batteries limitées à de simples épaulements et, en 1703, Monsieur Ferry ajoute « Le Seigneur de Vauban estime qu’il conviendrait d’édifier un fort en pleine mer sur la longe de Boyard pour interdire l’accès. Mais d’après Monsieur le Maréchal, il serait plus aisé d’attraper la lune avec les dents que de construire un fort à un tel endroit» et il poursuit « en imaginant que nos adversaires puissent passer cette ligne de feu, ils devront ensuite faire face à nos fortifications de l’estuaire de la Charente. C’est la redoute de l’Aiguille et de l’île Madame, le Château de Fouras et les forts de La Pointe et de Lupin de chaque côté du fleuve. » En 1811 est installée en guise de réduit, une tour restée inachevée en 1815 ; de 1850 à 1855 l’ouvrage est transformé en ouvrage fermé et la tour réduit est intégrée comme caponnière de gorge. En 1879 est édifié à l’extérieur, au nord-ouest, la batterie annexée des Saumonards, puis peu après la batterie de mortiers des Saumonards et la redoute de Beauregard pour assurer la défense arrière ; vers 1890, en raison de la crise de l’obus torpille, sont construits, à la batterie annexe et à la batterie de Mortiers, des magasins à poudre en béton spécial. Appelée fort la Galissonnière, la batterie des Saumonards est l’objet de projets de remaniements non aboutis ; aucun ouvrage n’est ajouté pendant l’occupation après laquelle le fort devient colonie de vacances tandis que la redoute de Beauregard et la batterie de Mortiers sont aliénés à des particuliers après, semble-t-il, destruction sur place du matériel.
ILE D’OLERON – PHARE DU CHASSIRON : La première tour du phare de Chassiron, de 33 mètres de haut, a été construite sur ordre de Colbert en 1685. À l’époque, Rochefort était un arsenal militaire de la marine royale. Ce dernier avait une position stratégique car il était protégé côté terre par la Charente et côté mer par les pertuis charentais et les fortifications maritimes. De nombreux naufrages ont eu lieu sur la côte découpée du nord de l’île. Il devenait alors essentiel de construire un phare pour orienter les marins et pour baliser l’entrée du pertuis. De façon à le différencier de ses voisins, que sont le phare des Baleines sur l’île de Ré et le phare de Cordouan dans l’estuaire de la Gironde, la tour Colbert était éclairée par deux feux de bois. La tour d’origine étant trop basse, un nouveau phare a été construit en 1834 et mis en service le 1er décembre 1836.
ILE DE RE (17) :
ILE DE RE – SAINT MARTIN DE RE CITADELLE : Une première citadelle est construite en 1625 qui fut détruite en 1628. En 1627, le duc de Buckingham débarque 5 000 soldats et 100 cavaliers, pour appuyer les protestants français et pousser La Rochelle à la prise d’armes. Le siège est mis le 10 juillet. Le fort Saint-Martin, avec à sa tête le comte de Toiras, résiste, notamment grâce à un convoi de vivres de 35 bateaux qui entre le 16 octobre. Un corps spécial de 3 000 hommes est formé par Richelieu et débarque par surprise sur l’île, commandé par le maréchal de Schomberg. Le siège est levé, les Anglais laissant mille morts sur le terrain et s’échappant grâce à leur flotte. Le 18 septembre 1627, Buckingham se présente à nouveau devant Saint-Martin, mais il est mitraillé et canonné et ne tente pas le débarquement. La citadelle, reconstruite par Vauban et François Ferry de 1681 jusqu’à la fin du XVIIe siècle, à la suite du siège de La Rochelle constitue un carré parfait, n’est accessible que par une seule porte d’entrée monumentale, ouvrant sur un petit port retranché. Des bâtiments intérieurs, prévus pour 1200 hommes, subsiste une caserne, la chapelle, l’arsenal, les souterrains des bastions et le pavillon d’officier. Elle est défendue par quatre Bastions (Bastion du Roi, de la Reine, de France surmonté d’un Cavalier et le Bastion Dauphin et par trois Demi-lunes (pas de demi-lune côté mer mais un petit port), les demi-lunes de France, de Communication, de Saint-Martin ainsi que par la contregarde Dauphine). Conservée intacte dans son écrin de glacis non urbanisé, Saint-Martin-de-Ré est la plus belle application conservée du premier système de Vauban et sûrement le plus bel exemple d’un réduit insulaire. Jadis place militaire puissante et port actif, Saint-Martin-de-Ré est devenue une charmante cité aux rues étroites et paisibles. En 1696, les 15 et 16 juillet, Saint-Martin-de-Ré est bombardé par la flotte anglo-hollandaise. Depuis le XIXè la citadelle est utilisée comme prison. En application du décret-loi de juin 1938 abolissant la transportation, le dépôt devint un centre pénitentiaire, puis une centrale. Aujourd’hui, la citadelle, qui depuis les années 1700 a toujours servi de prison, est un pénitencier toujours en activité : une maison centrale qui accueille plus de 400 détenus.
ILE DE RE – SAINT MARTIN DE RE ENCEINTE UJRBAINE : En 1681, commencent les travaux de l’enceinte urbaine et de la citadelle voulues par Vauban. L’enceinte urbaine, unique par ses dimensions, un demi-cercle d’1,5 kilomètres de rayon et de 14 kilomètres de rempart, est réalisée d’un seul jet sans contraintes géographiques liées au site. L’enceinte comprend 5 bastions, selon un module type, répété tout autour de la Ville, mis bout à bout, composé par : des demi-lunes, îlots triangulaires également entourés par le fossé, une à gauche et une à droite, en avant-garde et un bastion triangulaire, placé au centre, ayant aux extrémités latérales un orillon masquant trois embrasures (dont les canons, invisibles de l’attaquant, balayaient le fossé de leurs boulets et mitraille) relié aux bastions voisins par la courtine. La totalité du Front de Mer de la Ville est bordée de remparts, parfois crénelés pour y placer quelques pièces d’artillerie, de la Contregarde Dauphine (La Citadelle*) jusqu’à la Contregarde de la Mer. L’entrée du havre est protégée par une forme, l’Eperon et deux parties nommées Ouvrage à Corne de la Mer ; elle est défendue par le Corps de Garde de la Chaîne, une chaîne forte pouvant fermer l’entrée du port et par le Corps de Garde du Havre . Les trois immenses flaques d’eau devant le front de mer observables sur les cartes d’époque, résultent de la construction des remparts, la plus à l’Ouest étant équipée d’écluses de chasse pour le nettoyage du Havre. Les sorties du fossé vers la mer sont obturées par un Batardeau qui régule les mouvements d’eau. Le port comportait un Arsenal. Durant le XVIIIe siècle, le port est très actif avec le commerce du sel, du vin et des eaux de vie. L’ensemble de la Citadelle et de l’enceinte urbaine a été classé au patrimoine mondial de l’humanité avec le réseau des sites majeurs de Vauban le 7 juillet 2008. Quatre bastions (22, 25, 27, 29, 31) ont un tracé régulier à orillon et comportent pour certains des poternes débouchant dans le revers de leur orillon, les bastions 25 et 29 sont surmontés d’un cavalier. Certains bastions comportent des caponnières simples derrière leur orillon. Le bastion de la mer (n°19) à l’ouest comporte un tracé à orillon avec poterne sur son flanc gauche, son autre flanc est droit, le bastion est surmonté d’un cavalier. Le bastion de la Flotte (n°31) à l’est est un demi-bastion à orillon, son flanc gauche sert de mur de communication avec la citadelle. L’enceinte principale est entourée d’un fossé sec, chaque courtine est précédée d’une demi-lune et le bastion de la mer est renforcé d’une contre-garde. L’ensemble est entouré d’une ligne de glacis avec chemin couvert, des traverses protègent les places d’armes rentrantes du chemin couvert. Au cours du XVIIIe siècle, une cunette est progressivement réalisée dans le fossé principal et autour des demi-lunes de l’enceinte. En 1791, trois poternes sont réalisées au centre des courtines reliées au pas de souris des demi-lunes par des caponnières doubles, des caponnières simples sont également ajoutées derrière les orillons de certains bastions et des traverses ajoutées aux saillants sur le chemin couvert du glacis
ILE DE RE – FORT LA PRE : Construit en 1626, il avait pour objectif premier d’assurer la souveraineté du roi Louis XIII sur l’île, qui était à cette époque un territoire stratégique pour la couronne face aux Protestants de la Rochelle. Il eut un rôle important lors du siège de l’île par le duc de Buckingham en 1627. Doté d’un petit port à l’intérieur de ses fortifications, il permit le débarquement des troupes royales, de nuit, ce qui participa à la victoire des troupes françaises résistant sur l’île. Ce site fût menacé de destruction de nombreuses fois au fil des siècles, notamment sous le règne de Louis XIV avec l’ingénieur Vauban. Ce dernier fit détruire tout le système défensif extérieur et construire des bâtiments en adéquation avec les besoins de l’époque. Le fort la Prée tomba dans l’oubli à la fin du XVIIè siècle au profit de la citadelle de Saint Martin de Ré, construite entre 1681 et 1684. Tout au long du siècle suivant, il joua un rôle de forteresse secondaire mais servit aussi au débarquement de tous les voyageurs en provenance du continent. A la fin du XIXè siècle, son architecture connait quelques modifications et améliorations notoires. L’armée attribue alors au petit fort une fonction de défense du port de la Pallice nouvellement construit. L’armée l’occupe jusqu’aux premières années du XXè siècle et il est ensuite déclassé.
ILE DE RE -PHARE DES BALEINES : La tour des Baleines est construite de 1669 à 1682 sur les plans d’Augier. Elle était destinée à détourner les navires des rochers dangereux des Baleines et à servir de couverture au port militaire de Rochefort. Cette tour de 29 m de haut (31 m au-dessus de la mer) et d’une circonférence de 8 m, est une tour en pierres de taille des carrières de Saint-Savinien. Elle comporte 3 étages auxquels on accède par un escalier à vis (112 marches), qui dessert 3 pièces. La tour brûlait à l’origine de l’huile de poisson et de baleine dont le rendement en termes d’éclairage était faible et dont l’efficacité était réduite, la combustion de l’huile tendant à calciner les vitres de la lanterne. L’huile de baleine était alors le combustible privilégié, si bien que les besoins de l’éclairage dans le monde accélérèrent dangereusement la chasse de ce mammifère marin aujourd’hui protégé. Dès 1736, le charbon fut substitué à l’huile de baleine comme combustible. Il était brûlé dans un réchaud surmonté d’un dôme permettant de réfléchir la lumière. Ce changement permit d’améliorer le rendement d’éclairage mais nécessitait d’acheminer des quantités importantes de houille. Elle est classée 2007, un musée consacré aux phares et balises a été créé dans cet ancien bâtiment de l’école des gardiens de phare aux pieds de la vieille tour.


RIVEDOUX SANBLANCEAUX (17) :
A la suite du débarquement, sur les plages de la pointe de Sablanceaux, de 10 000 soldats anglais, venus aider les Rochelais assiégés, sous la conduite du Duc de Buckingham en 1627, Colbert demande à Vauban la construction de cet ouvrage. Vauban en aurait dit : « Cet édifice est le poste non seulement le plus exposé de toute l’île, mais de tout le royaume. D’autant plus que le jour où l’ennemi aura mis pied-à -terre, on peut compter l’île à demi perdue. Ce poste mérite d’être considéré comme le plus important de l’île après Saint Martin de Ré » C’est un fortin carré, de 45 mètres de côté, flanqué de deux ailes (contre-garde), de part et d’autre, barrant, à l’époque, la pointe de Sablanceaux, sur toute sa largeur. Entouré d’un fossé sec, protégé par un chemin couvert et un glacis à l’est, l’entrée se faisait par un pont dormant, un pont-levis et une poterne passant à travers la fortification, à l’ouest. À l’intérieur, deux corps de garde, avec un étage, l’un contre le mur nord, l’autre au sud. Une poudrière est logée dans la muraille nord. Un puits l’alimente en eau douce, indispensable en cas de siège. Petite place forte prévue pour une trentaine d’hommes, une douzaine de canons et 3 tonnes de poudre. Deux autres redoutes furent construites sur l’île, au nord (Les Portes-en-Ré) et à l’ouest (Martray, Ars-en-Ré). L’ouvrage est complété à partir de 1701 par l’installation à son voisinage de batteries. L’une d’elles, la Batterie de Sablanceaux, située à moins de 500 m, au bout de la pointe de Sablanceaux, sera progressivement agrandie et modernisée jusqu’à la seconde guerre. La redoute est réhabilitée en 1862. Pendant la Seconde Guerre mondiale et dans le cadre du mur de l’Atlantique, l’armée d’occupation y intègre un blockhaus d’observation dans le corps de garde sud, invisible de l’extérieur (contrairement à celui construit dans la redoute du Martray) ainsi qu’une batterie sur la contre-garde sud. À l’abandon depuis la fin de la dernière guerre, le fossé côté entrée (Ouest) est comblé, un camping est installé sur le glacis. En 2005, la municipalité de Rivedoux-Plage a acquis la redoute et les terrains avoisinants.
ROCHEFORT (17) :
Ville neuve d’Ancien Régime fondée autour d’un château médiéval, Rochefort est créée à partir de 1666. Les premiers projets du chevalier de Clerville prévoient la réalisation d’une ville-arsenal maritime sur la Charente de vingt-deux hectares, entourée par une enceinte à redans sans véritable valeur militaire. Il est prévu que l’arsenal et ses bâtiments occupent toute la rive droite de la Charente sur une distance de 1800 m. Pour la ville proprement dite, Clerville prévoit un plan en damier basé sur trois places, la première servant de parvis à la Maison du Roi, siège de l’autorité ; les deux autres accueillent l’église et la halle urbaine. L’architecte François Blondel reprend une structure similaire dans un plan d’urbanisme baroque, daté de 1666. Cependant, il faut attendre le début des travaux en 1674 pour que l’enceinte urbaine soit édifiée. Elle sera terminée cinq ans plus tard. Les rues de la ville sont alors déjà tracées et pavées. La construction de logements pour les ouvriers de l’arsenal avait déjà été prévue dans les premiers projets de Clerville. En 1674, il propose de réserver plusieurs îlots de la ville neuve à l’habitat. Ces maisons devaient comporter des boutiques au rez-de-chaussée, un logement dans les étages, une cave et un jardinet afin de pouvoir y cultiver un potager. Cependant, ce projet est venu trop tard. Dès 1672, une ville champignon composée de maisons de bois de mise en œuvre médiocre a envahi les îlots urbains proches de l’arsenal. En 1681, Vauban déplore que l’enceinte n’enserre pas tout l’arsenal et que la rive gauche du fleuve ne soit pas occupée. En 1686, selon ses directives, François Ferry achève l’enceinte en construisant un front le long du fleuve et en refermant les remparts au sud, autour de la zone industrielle de l’arsenal. Il y construit deux fronts bastionnés flanqués par un bastion d’angle et deux demi-bastions. Un fossé inondé les précède. Une porte défendue par une demi-lune perce le front ouest. Il impose pour le lotissement intra muros un cahier des charges comprenant le remplacement des maisons de bois par des maisons en pierre, des immeubles à deux étages et des galetas aux angles des îlots ainsi qu’un règlement sanitaire. Chaque immeuble doit posséder son jardin potager et sa soue à cochons. Des casernes ont été construites pour soulager les habitants du logement des troupes. L’arsenal occupe le sud de la ville. L’ensemble comprend une importante corderie le long du fleuve, un bassin de radoub, des ateliers, une fonderie à canons et des magasins de stockage. La corderie sépare la ville du fleuve et comporte le bâtiment majeur long de 374 m permettant la fabrication de cordages de 200 m de long. Les autres installations sont beaucoup plus dispersées. Au cours du XVIIIe siècle, la ville se peuple progressivement. Sous le règne de Louis XVI, un hôpital de la marine hors les murs est réalisé. Pendant la Monarchie de Juillet (1830-1848), l’enceinte de l’arsenal est reconstruite et dotée d’une nouvelle porte décorée de motifs qui mettent en scène le pouvoir royal restauré. Le chantier d’édification d’une enceinte sur la rive gauche de la Charente, qui avaient débuté dés la Restauration, est interrompu sous le Second Empire ; l’espace compris entre ces remparts et le fleuve reste vide. L’enceinte urbaine de Rochefort a été démantelée en 1938. L’arsenal est démilitarisé depuis 1927. Il en subsiste la Corderie royale, les bassins de radoub, l’hôpital maritime, la porte de l’arsenal et l’enceinte inachevée de la rive gauche de la Charente. La corderie, plus grand bâtiment industriel du XVIIe siècle est bien restauré et abrite aujourd’hui le Centre International de la mer, le Conservatoire de l’Espace Littoral, la Ligue pour la protection des Oiseaux, la Chambre de Commerce et d’Industrie et la Bibliothèque-Médiathèque de Rochefort. L’Hermione, réplique de la frégate utilisée par le marquis de La Fayette pour se rendre aux Etats-Unis en 1780, y a été construite de 1997 à 2014.


LA ROCHELLE (17) :
Ville neuve implantée par le duc d’Aquitaine au cours du Xe siècle, La Rochelle reçoit sa première enceinte au XIIe siècle. Les premiers ouvrages modernes sont construits sous le règne Henri IV par l’ingénieur italien Scipione Vergano alors que la ville bascule en bloc à la Réforme. Cette enceinte bastionnée est complétée à la fin du XVIe siècle et renforcée en 1621 par les Rochelais dans le même temps où la ville devient une place de sûreté protestante. Ce système défensif exemplaire résiste au long siège de 1627-1628 mené par Richelieu. Sorti victorieux, le pouvoir royal fait raser les fortifications, à l’exception du front de mer. En 1689, Louis XIV envoie sur place l’ingénieur François Ferry, collaborateur de Vauban, pour y reconstruire une nouvelle enceinte. Son projet prévoit une nouvelle enceinte beaucoup plus vaste que la précédente, composée de neuf bastions, deux demi-lunes, un ouvrage à corne dit de Saint-Nicolas et une redoute. Les travaux s’achèvent en 1724, mais finalement seul l’ouvrage à corne a été intégralement réalisé suivant le plan de Ferry. Déclassées en 1900, les fortifications de la Rochelle sont démantelées à partir de 1920. Six portes subsistent dont deux sont antérieures aux travaux de Ferry : la tour de l’Horloge (XIVe siècle), la porte protestante de Maubec, le corps de garde de la porte de Cougnes, les piliers de la porte Neuve (1689), la partie inférieure de la porte Dauphine (1689) et la porte Royale (1706-1723). Durant la seconde guerre, les allemands ont réalisés de nombreux ouvrages de fortifications.
CAP FREHEL (22) :
Deux phares dominent ce cap, le plus ancien, désormais hors service a été construit en 1702 sous contrôle de Vauban par Jean Siméon Garangeau, ingénieur en chef et directeur des fortifications de Saint-Malo et avait pour vocation de prévenir les attaques de la flotte anglaise. Garangeau reprend les plans du phare du Stiff pour construire ce premier phare allumé en 1702 (mais uniquement les mois d’hiver). En 1717, la marine ordonne l’allumage du feu toute l’année. Les dépenses liées à cet allumage sont financées par une taxe, payée par les navires entrant dans les ports compris entre le cap Fréhel et Regnéville. Devant son état dégradé, Leonce Reynaud décide de construire une nouvelle tour plus haute en 1845 et47, détruit par les allemands en 1944, il sera reconstruit en 1946.


BREST (29) :
BREST ENCEINTE URBAINE : . Brest s’est toujours construite autour de son arsenal le long de l’embouchure de la rivière de Penfeld : la rive gauche, francophone et bourgeoise, s’est développée autour de son château alors que la rive droite, connue pour son quartier de Recouvrance, s’est constituée autour d’une tour médiévale et reste plus populaire, étant restée bretonnante jusqu’au début du XXe siècle. À ce titre, le château et la tour Tanguy sont les deux monuments les plus anciens. A partir de 1630, Brest va s’accroître à vue d’Å“il et prendre une importance chaque jour plus considérable. La position géographique de Brest, la sûreté de sa rade, les avantages offerts par la Penfeld pour l’établissement d’un port de guerre ont, en effet, frappé l’esprit clairvoyant de Richelieu. Et Colbert va poursuivre les projets et l’oeuvre de son prédécesseur. Le goulet est fortifié ; on creuse la Penfeld ; on construit des ateliers sur ses deux rives et, en 1680, Vauban vient lui-même à Brest, dresser le plan de la ville et diriger les travaux des fortifications. Brest et Recouvrance viennent, par lettres royales de juillet 1681, d’être réunis en une seule et même ville, qu’administrent un maire, deux échevins et six conseillers, élus pour trois ans. Les ouvriers affluent dans notre cité qui, dès 1685, compte 8.000 habitants. En 1683 Vauban inspecte Brest et Belle-ÃŽle. Les caractéristiques stratégiques du site ne lui échappent pas : Si Brest est un des meilleurs ports du monde, sa rade est une des plus excellentes et de la plus grande étendue. A propos du goulet il poursuit : Le goulet est à Brest ce que le détroit des Dardanelles est à Constantinople; C’est la porte d’entrée où tous les navires qui ont affaire audit Brest, à Landerneau et à la rivière de Landévennec, sont obligés de passer, qu’il s’agisse d’entrée ou de sortie. En 1685, on élargit et on rend praticable le chemin vallonné qui partait de la Penfeld et aboutissait à la nouvelle et unique porte des fortifications : la Porte Vauban, au haut de la rue de Siam. Ce Grand Chemin, comme on l’appelait alors, devient la Grand’Rue qui, pendant plus d’un siècle, sera l’artère principale de la cité brestoise. En 1694, après l’achèvement de l’enceinte qu’il a conçue pour Brest, Vauban trace un plan idéal qui fera autorité pendant un siècle. Sans toutefois redresser les îlots existants, il quadrille les espaces vierges de l’intra-muros selon un axe Nord-Ouest / Sud-Est reliant le noyau urbain d’origine à la porte de Landerneau, axe recoupé par des rues parallèles aux fortifications. Il détermine des îlots géométriques qui seront d’une grande stabilité dans le temps. Ainsi, en 1691, Tourville sortait de Brest avec soixante-neuf vaisseaux ; que l’année suivante, il partait à la tête de quarante-et-un bâtiments pour engager la célèbre affaire de la Hougue et qu’au printemps de 1693, il y avait, en rade de Brest, soixante-et-onze navires prêts à entreprendre une nouvelle campagne. Tout ce déploiement abouti du reste à l’échec du débarquement anglais en presqu’île de Roscanvel, à Camaret en 1694. En 1700, les fortifications de Brest et Recouvrance sont entièrement terminées. Le port de Brest est devenu un centre d’Opérations de premier ordre, et les armements y produisent l’activité que l’on peut concevoir. Tous ces armements, joints aux travaux de l’arsenal, augmentent considérablement la population de Brest qui, en 1700, compte 14.000. Le bâti du centre-ville, rive gauche, a été quasiment entièrement renouvelé. A partir de 1734, sous la direction de Choquet de Lindu, l’arsenal est habillé d’imposants édifices qui donnent pour longtemps un majestueux visage aux deux rives de la Penfeld : le corps de garde de la Pointe, les trois formes de Pontaniou (1742 à 1757), les forges des armes et constructions navales, les magasins, les corderies, les ateliers, le bagne etc. Un moment arrêtés pendant la Guerre de sept ans, les travaux sont très activement repris dès la signature de la paix. En 1790, l’arsenal est devenu un grand ensemble industriel où sont rassemblées, sur les deux rives de la Penfeld, toutes les installations nécessaires à la construction, à l’armement et à l’entretien des navires et où travaillent 10 000 ouvriers aux multiples métiers. Par la suite Georges Milineau puis Jean-Baptiste Mathon, pour les Plans d’Aménagement (1920) et de Reconstruction (1943) de Brest s’appuyèrent chacun sur ce plan en damier de Vauban.. En revanche, plusieurs rues ont échappé aux destructions de la guerre et de la Reconstruction sur la rive droite, et constituent aujourd’hui des promenades rappellant la ville d’avant-guerre. Les fortifications de la ville sont modifiées et étendues grâce à la construction de bastions et de casernes qui résistent mieux à l’artillerie
BREST LE CHATEAU : Ville d’origine romaine bâtie sur un site occupé depuis la Préhistoire, Brest reçoit sa première fortification au IIIe siècle. Les Romains érigent donc un ouvrage défensif à la fin du IIIe siècle. Ce camp accueille une garnison d’un millier d’hommes de troupe qui s’installent avec à leur tête un préfet et une flotte destinée à intercepter les navires pirates. De ce castellum, une muraille reste encore visible aujourd’hui. Ces substructions, enchâssées dans les deux courtines du château actuel, occupent une étendue de 120 à 140 mètres de long, sur une hauteur moyenne de 3 à 4 m. Il s’agit alors d’un fortin de défense littorale. Ce fort est remplacé par un château médiéval au XIIIe siècle. Au XIVe siècle, le château est occupé par les Anglais. Il faut attendre 1489 et la prise de la ville par les Français pour que l’agglomération se développe au-delà de l’enceinte du château. Au XVIe siècle, deux bourgades émergent et sont à l’origine du développement urbain : Brest sur la rive gauche du fleuve, Recouvrance sur la rive droite. Le château médiéval est protégé par des bastions vers 1530, puis, en 1560, l’ingénieur Pietro Fredance renforce les dehors. Les travaux durent jusqu’en 1597. Il faut attendre 1631 et le cardinal de Richelieu pour qu’un véritable port arsenal se développe. La flotte royale du Ponant, pièce essentielle de la stratégie navale française, prend ses quartiers. Une première enceinte urbaine moderne est bâtie par Julien Ozanne en 1655. Elle était composée de douves et de demi-bastions construits avec des matériaux de moindre qualité. Ni entretenue, ni restaurée, cette enceinte est en ruine vingt ans plus tard. En 1661, la nomination de Colbert comme ministre des Finances entraîne les premiers grands investissements pour le port de Brest. En 1667, le chevalier de Clerville, commissaire général des fortifications, établit un projet d’agrandissement du port. Ce projet prévoit entre autres : la construction de logements et bâtiments afin d’attirer à Brest de la main d’œuvre spécialisée, des commerçants, des marins et de nouveaux habitants civils, de créer une milice urbaine, de construire de nouveaux quais, une place d’armes et un arsenal. L’intendant Seuil applique de manière anarchique ces consignes jusqu’en 1683. Ne respectant pas les plans de Clerville, il s’applique à augmenter le nombre d’habitants, et dès 1674 commence à fortifier la ville entière. En 1681, Colbert nomme l’ingénieur Sainte-Colombe pour lui proposer un second projet. Celui-ci améliore les défenses de la ville et agrandit l’enceinte en y incluant des terrains vides. Il décède en 1682. Colbert, ministre en titre de la Marine, qui donne à Brest son véritable essor avec le développement, à partir de 1669 de l’arsenal. L’intendant Pierre Chertemps de Seuil est le responsable des premiers programmes de construction de l’arsenal entre 1670 et 1680. Au décès de Sainte-Colombe, Vauban est nommé par Louis XIV pour lui succéder. Seuil est limogé pour malversations ; il est remplacé par Desclouzeaux. Vauban propose un certain nombre d’aménagements pour Brest : maçonnage de l’enceinte, rectification du tracé de l’arsenal, amélioration des défenses du château par l’ajout de glacis, chemin couvert et demi-lunes, ajouts de batteries côtières le long du goulet, amélioration de l’accès du port aux civils pour développer le commerce, construction d’une halle de marchés, d’un nouvel hôtel de ville et d’une nouvelle église paroissiale. Au-delà de la défense de l’arsenal, il s’agit de fédérer les bourgs de Brest et Recouvrance, séparés par le fleuve de la Penfeld et de concevoir une nouvelle ville militaire tournée vers la mer, fonctionnelle, capable d’accueillir une population importante. Renforcé et modernisé, le château défend désormais le premier port de la marine du roi. En 1680, la batterie neuve complète le château au sud-ouest pour assurer la défense de l’entrée du port. Au nord-est un imposant front bastionné13 « à la Vauban » protège les approches. La population augmente alors nettement d’autant qu’elle s’est unie avec celle de Recouvrance en 1681. Le projet de Pierre Massiac de Sainte-Colombe trouve un début d’exécution cette année-là . Ce plan de modernisation de la défense de la ville, de son arsenal et de ses abords est repris et transformé par Vauban en mai 1683. Vauban intervient donc, entre 1683 et 1695. Il fait détruire les dernières tours romaines et les toitures en poivrières du donjon. À cette époque, les défenses protègent efficacement le château d’une attaque directe par la mer. Mais la forteresse doit avant tout se protéger, d’un assaut terrestre après un débarquement éventuel de l’ennemi anglais sur la côte. Le château devient « citadelle » surveillant à la fois la ville, la campagne et le large. Glacis, chemin couvert et demi-lunes prolongent la fortification du côté de la terre. Les parapets sont redessinés et dotés d’embrasures plongeantes. Pour constituer une vaste plate-forme adaptée à l’usage de l’artillerie, on relie par un nouveau bâtiment la tour Duchesse Anne et la tour Nord. Seules les tours Paradis conservent leur aspect médiéval. On élargit des courtines, tandis que la fausse braie renforce la muraille entre la tour Madeleine et les tours Paradis face aux tirs de canon. On aménage également des batteries à l’entrée du goulet (Camaret et Bertheaume). Après l’intervention de Vauban le château n’évoluera plus beaucoup. En 1685, il établit un programme d’urbanisation des terrains vierges selon une trame orthogonale. Il complète ce programme en 1694 par des prescrits dans les matières suivantes : réutilisation des axes préexistants en les prolongeant, rectification des tracés trop sinueux, amélioration des revêtements pour rendre les rues carrossables, introduction de normes dans la construction des maisons particulières (alignement, solidité, résistance aux incendies en cas de bombardements) et soucis de théâtralisation du pouvoir par le percement de larges rues autour des bâtiments importants. La réalisation partielle des projets de Vauban ne débutera qu’en 1704 et ceux-ci se poursuivent sous Louis XVI. La nouvelle de la prise de la Bastille arrive à Brest, dans la nuit du 19 au 20 juillet 1789. La ville craint la réaction des aristocrates du château. Mais quelques jours plus tard, le commandant militaire de la place, et la Marine, en la personne du comte d’Hector, se rendent à l’hôtel de ville faire allégeance au nouveau pouvoir. L’esplanade devant le château est baptisée le 14 juillet 1790 « Champ de la Fédération ». Après l’enthousiasme des premiers mois de la Révolution la situation se dégrade. À partir de 1791, la production de l’arsenal est largement désorganisée, les équipages de la flotte se mutinent régulièrement et les officiers, d’origine noble émigrent massivement. Avec la guerre qui éclate, les affrontements politiques qui n’en finissent plus et la nouvelle que Toulon est livrée aux Anglais, le moral est atteint. Face à la menace des armées étrangères et à celle des ennemis de l’intérieur, le château retrouve toute son utilité. Le « Champ de la Fédération » devient la « place du Triomphe du Peuple » et la vieille forteresse est rebaptisée Fort-la-Loi et les travaux préconisés par Vauban se poursuivent ainsi que sous le Premier Empire et la Restauration. En 1858, Napoléon III fait agrandir l’arsenal et un nouveau port de commerce est construit jusqu’en 1865. La construction de nouvelles casernes est engagée en 1894.Les plans de Vauban resteront la référence en matière d’urbanisme à Brest jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les allemands vont construire de nombreuses fortifications avec, notamment une base sous marine à l’ouest du port militaire. Le château, classé au titre des Monuments historiques en 1923, existe encore aujourd’hui et a été transformé en musée de la Marine. Les ouvrages du goulet de Brest sont encore visibles et certains sont accessibles au public comme la batterie de Cornouaille. Toutes les autres constructions ont été détruites, soit durant les bombardements qui ont touché la ville pendant la Seconde Guerre mondiale, ou lors de sa reconstruction après-guerre. Le plan relief de 1807 et 1811 réalisé au 1/600e est conservé au Musée des Plans-Reliefs à Paris.
CAMARET SUR MER (29) :
Au XIIe siècle apparaissent deux types de moulins : les moulins à eau et les moulins à marée. Ils étaient souvent associés à une pêcherie. Les seigneurs riverains avaient toute autorité sur ces industries et les développèrent. Le vicomte du Léon en possédait une à Pen-Hir (Camaret). Camaret se développe à la fois comme port de pêche et de commerce, mais aussi, en cette fin de Moyen Âge, sert de port d’escale pour des caboteurs du littoral français et pour les long-courriers qui montent de l’Espagne et du Portugal. Durant la guerre de Cent Ans, une escadre anglaise vint chercher au port de Camaret, à la faveur d’une trêve, la duchesse Jeanne de Navarre, veuve du duc de Bretagne, Jean IV de Montfort. Le 13 janvier 1403, elle embarqua pour l’Angleterre afin d’épouser le roi Henry IV de Lancastre, et devint ainsi souveraine du Royaume-Uni. Lors de cet événement, la Marine britannique avait pu constater que ce port finistérien, de par sa position géographique, constituait un point stratégique et commandait l’entrée de Brest. En 1404, une flotte anglaise tenta l’assaut face à Camaret, sur la plage de Trez-Rouz. Les Camarétois, avec à leur tête Olivier de Clisson, second connétable de France, et plus de 700 soldats, aidés de la troupe de Jean V et sera repoussée à la mer. En 1434, un nouveau débarquement fut tenté par la flotte britannique. Une fois de plus, la Bretagne fut sauvée grâce à Camaret. Ce port à l’extrême bout de la terre, projeté dans l’océan, véritable gardien des côtes et du goulet de Brest, prit tout au long des siècles une place prépondérante dans le commerce maritime. Le port de Camaret est une excellente escale et les nombreux navires de commerces qui y mouillent, suscitant la convoitise des pirates. Ainsi les Camarétois font appel en 1469 au pape Paul II qui, avec une bulle pontificale en 1470, excommunie tout agresseur. En 1597, une escadre de sept navires de guerre commandés par le capitaine Orange, mais appartenant à Guy Eder de La Fontenelle se présente au havre de Camaret, probablement dans l’intention d’attaquer ensuite Brest ou Ouessant. Sourdéac dépêche à leur rencontre cinq forts navires de guerre qui se postent à l’entrée du goulet. « Le feu fut, dit-on, si terrible que les vaisseaux de La Fontenelle furent obligés de gagner le large ». L’un d’entre eux, La Marie, commandée par le capitaine La Roche aux Ramiers, alla s’échouer sur les côtes du Léon où il se perdit corps et biens ; les autres navires furent obligés de s’enfuir et de regagner l’ÃŽle Tristan. En pleine guerre de la Ligue d’Augsbourg, Vauban, commissaire général des fortifications, se voit confier le commandement des défenses du goulet de Brest. Vauban s’est occupé d’aménager la défense de l’anse de Camaret qui commande l’entrée du goulet de Brest, faisant construire selon ses plans la Tour Vauban sur le « Sillon » de Camaret, et des batteries dans le voisinage au Grand Gouin, à la Pointe Sainte-Barbe (rebaptisée « Mort anglaise » par la suite), à la Pointe du Toulinguet, à Kerbonn et tout le long de la presqu’île de Roscanvel (Fraternité, Capucins, Cornouaille, Pointe des Espagnols). Projetée dès 1683, la tour est tracée en 1689 par Vauban. La construction de l’édifice, supervisée par l’ingénieur Jean-Pierre Traverse, débute en 1693 pour s’achever en 1696. Elle protège essentiellement les accès à la batterie, qui défend le mouillage, dont l’importance stratégique est capitale pour la sécurité de la rade. La tour casematée fait partie d’un vaste dispositif de défense : la batterie basse doit être dotée de onze pièces d’artillerie croisant leurs feux avec ceux de la pointe du Grand Gouin, des lignes primitives de Quélern et des nombreuses batteries côtières. La garnison comprend alors un lieutenant, un sergent et cinq hommes appuyés par des miliciens composés d’habitants de Camaret. Construite à l’aide de matériaux extraits du port de Camaret (crépi rouge fait de sable de la grève, de chaux et de brique pilée rouge qui avec le temps a pris une couleur ocre), la tour hexagonale (plan carré à deux pans coupés flanquant la gorge) est haute de 18 mètres et comporte quatre niveaux (ou deux étage percés de créneaux de mousqueterie, du type « archère « Les deux premiers niveaux sont voûtés. C’est au second niveau que se trouvent l’entrée, à partir du terre-plein de la batterie, et le départ de l’escalier à vis, desservant les parties hautes et logé dans le saillant arrière. Le dernier niveau, planchéié et ceinturé d’un parapet percé de créneaux de mousqueterie, est couvert d’une toiture ardoisée à six pans. La tour est flanquée de murailles, d’un corps de garde et d’une batterie basse semi-circulaire surmontée d’un parapet muni de onze embrasures d’artillerie et qui contenait 11 canons ainsi qu’un four à boulets (un des neufs exemplaires encore sur pied). On peut observer que les deux branches du front de gorge sont creuses et munies d’une galerie de fusillade, et celle de droite porte en crête une embrasure à canon, tirant à revers. L’édifice est baptisé dès l’origine « tour Dorée » en raison de l’enduit orangé qui en recouvre le parement et réchauffe le gris des chaînages de granit. Le four à boulets a été construit lors de la période révolutionnaire, remplaçant un des deux corps de garde. L’édifice a alors plusieurs fonctions : tour de guet, magasin à poudre, logement de garnison. Vauban s’appuie notamment sur Camaret et sa « tour dorée », puissant fortin innovant pour l’époque. Vauban s’est occupé d’aménager la défense de l’anse de Camaret qui commande l’entrée du goulet de Brest, en faisant aménager selon ses plans, outre la Tour Vauban sur le « Sillon » de Camaret, des batteries dans le voisinage au Grand Gouin, à la Pointe Sainte-Barbe (rebaptisée « Mort anglaise » par la suite), à la Pointe du Toulinguet, à Kerbonn et tout le long de la presqu’île de Roscanvel (Fraternité, Capucins, Cornouaille, Pointe des Espagnols). Grâce au commandement combiné de la marine, des troupes terrestre et des fortins, il repousse efficacement la tentative de débarquement anglais et hollandais lors de la bataille de Trez-Rouz le 18 juin 1694. Depuis cette date, les falaises à l’est du « Sillon » sont appelées « La mort anglaise » et les dunes avoisinantes furent transformées en cimetière pour y enterrer les marins anglais et hollandais morts. A cette occasion il capture une frégate neuve de 30 canons. Le Roi lui accordera le titre de « Lieutenant Général de Marine pour l’honneur » (sans appointement). Depuis cette démonstration (qui fut la seule occasion pour Vauban de commander directement des opérations militaires), on nota la supériorité du feu des batteries situées à terre contre celles, forcément instables, des navires. Les Anglais, pragmatiques, s’inspirèrent de ce système pour fortifier leurs côtes. En 1789, dans le cahier de doléances de Camaret, les pêcheurs locaux se plaignent du prix excessif de la rogue importée du Danemark : « Les riches négociants qui accaparent les cargaisons danoises arrivant dans nos ports n’ont d’autres bornes que leur cupidité. Ils attirent par là à eux tout le produit de la pêche et ne laissent aux pêcheurs que la peine du travail qui les réduit à la plus extrême misère ». Au mois d’août 1801, l’ingénieur américain Robert Fulton faisait des essais avec son sous-marin à hélice, le Nautilus, dans la baie de Camaret, afin de convaincre Napoléon Bonaparte de l’avenir de la navigation sous-marine. Le Nautilus essaya de placer une mine sur un navire anglais, alors dans la rade de Camaret. L’essai aurait peut-être été concluant, si la frégate n’eût par hasard appareillé au moment où le sous-marin s’approchait lentement du navire. Déjà fortifiée par Vauban, la Pointe du Toulinguet est puissamment aménagée en 1812 pour protéger l’anse de Penhat. En 1893, le site est protégé d’une éventuelle attaque à revers par un mur d’enceinte. En 1815, un mur de défense est construit sur le flanc nord du « Sillon ». En 1842, la municipalité fait construire un quai (l’actuel quai Toudouze) en bordure de ce qu’on appelait encore l’étang de Prat ar Pont et en 1846 un môle perpendiculaire au Sillon sur la pointe de Rocamadour. Un corps de garde est aménagé en 1859 au Petit Gouin ; abandonné un temps, il est réaménagé en 1896. A la fin d e1916, une base d’hydravion est aménagée à l’extrémité du sillon. Camaret-sur-Mer est membre de l’association de villes réseau des sites majeurs de Vauban. Durant la seconde guerre, les allemands vont construire de nombreux ouvrages dans le cadre du mur de l’Atlantique un poste de direction de tir sur les hauteurs de la Pointe du Gouin et de Kerbonn. Depuis le 7 juillet 2008, un réseau de douze sites, dont la tour Vauban, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.


CONCARNEAU (29) :
La ville close de Concarneau est créée au Moyen Âge sur l’île de Conq, occupée semble-t-il depuis la Protohistoire. Au Xe siècle une première enceinte palissadée est construite, remplacée par une enceinte en pierre maçonnée au XIVe siècle. Occupée de nombreuses fois par les Anglais, la ville se soumet au chevalier Du Guesclin en 1373. La Ville close, bardée de canons et de couleuvrines, continua à protéger le port. Dans un premier temps propriété de Fouquet, Concarneau connût de nombreux changements puisque sa défense fut améliorée, des navires construits et de nombreux canons fondus pour armer la forteresse de Belle-Isle et pour aider le Surintendant des finances dans ses plans. En 1680, Vauban visite la place et ordonne des travaux dans l’objectif d’améliorer le système de défense. Les toits des tours disparaissent permettant ainsi l’installation de l’artillerie sur des plates-formes. Entre 1692 et 1699, Vauban réactualise l’enceinte médiévale. Il fait construire deux tours supplémentaires de chaque côté de la porte du Passage ainsi que plusieurs poternes. Un fossé est aussi creusé entre courtine et demi-lune et ajoute un pont-levis. La protection de la ville close est renforcée par de nouvelles embrasures de tirs pour les tours Neuve et du Fer à Cheval. En 1694, Vauban revisite la place le 7 juin et préconise quelques aménagements, comme le réaménagement du corps de garde dans la demi-lune. Au XVIIIe siècle, la porte d’entrée est remaniée, tout comme la porte menant au bac. Le rôle militaire de la place est ensuite contesté jusqu’au XIXe siècle. En 1837, sous la Monarchie de Juillet, la place est modernisée : les parapets sont surélevés, des créneaux de fusillade percés, une nouvelle caserne et un nouveau magasin à poudre construits. À la fin du XIXe siècle, l’île de Conq devient un poste de ravitaillement pour les torpilleurs français de la défense mobile. En 1899, la ville close est classée au titre des Monuments historiques. La ville conserve son aspect du XVIIIe siècle et n’est modifiée que légèrement par la construction d’un beffroi au début du XXe siècle. La ville close a été conservée intégralement. Elle se visite librement ou lors de visites guidées. Elle accueille de nombreux événements, notamment en période estivale. Des fortifications allemandes seront aménagées durant la seconde guerre.
FORT CEZON(29) :
Le fort Cézon est édifié sur l’île du même nom par Vauban afin de protéger l’entrée de l’Aber Wrach, une baie bretonne qui peut servir de port de débarquement ennemi, en direction de Brest. Vauban avait déjà repéré le site en 1685 et projetait d’y construire une batterie. Prévu pour abriter un capitaine de port, deux lieutenants et dix soldats, le projet est repris en 1694 alors que Vauban vient de repousser les Anglais à Brest. Il construit un ensemble comportant une tour réduit à sept embrasures, entourée de deux batteries de côte et d’une courtine côté terre, elle-même défendue par deux demi-bastions et un petit fossé. La porte est localisée dans ce front. L’enceinte est en assez bon état mais quelques moellons sont descellés. Des trous se creusent par endroits au pied de l’ouvrage. Le fort est fermé à l’ouest par un front bastionné « à cornes », et par un fossé d’environ 2 m de profondeur sur quatre de large. Le fort est doté de plusieurs bâtiments : casernes, corps de garde, magasins aux vivres et à poudre, guérites et un logement du gardien. Une Tour d’artillerie datée de la fin du 17e. Elle est couronnée d’un parapet percé de 7 embrasures et souligné par un cordon. Elle est en grande partie conservée et souffre d’un affaissement coté Est. Certains éléments de rochers se sont détachés du bloc rocheux sur lequel la tour est construite. L’accès à la tour s’y faisait par une passerelle relevable aujourd’hui détruite dont l’appui est néanmoins préservé. La tour est pleine, à l’exception de l’escalier circulaire qui se développe le long du mur et permet d’accéder à la plateforme. Il s’affaisse vers le centre de la tour. Dix ans plus tard, l’ingénieur Robelin y ajoute un front bastionné pour en renforcer la protection. Le fort est entouré d’une enceinte datant du 18ème siècle qui fut rehaussée au 19ème siècle, de 4 à 5 m de hauteur. Elle est surmontée d’une tablette et est couverte par un parapet à terre coulante. En 1811, les ingénieurs abandonnent les retranchements externes. En 1859, un nouveau magasin à poudre est édifié, couvert à l’épreuve des bombes par un talus de terre, et d’une capacité de dix tonnes. Le fort est déclassé en 1889. Il retrouve une fonction militaire dans les années 1940 lorsque l’armée allemande s’en sert comme poste de vigie et d’artillerie du Mur de l’Atlantique. Dix-sept blockhaus ont été construits sur l’île et de nombreuses tranchées ont été creusées. Le fort Cézon existe toujours. Propriété privée depuis 1957, il est régulièrement ouvert aux visites en période estivale et accueille de nombreux événements, grâce à l’implication de l’association Cézon qui procède à sa restauration et à sa valorisation. L’île est accessible à pied, à marée basse. Le fort Cézon, tour compacte, illustre l’évolution des conceptions de Vauban pour les fortifications côtières.


LE CONQUET(29) :
les défenses et retranchements du Conquet et la batterie de Toul à Louarn. Sous l’ancien régime, cette terre relevait en partie de la seigneurie du Bilou (de Kersulguen), et en partie de celle de Rochdurant (de Poulpiquet). On note seulement à l’extrémité de la pointe une batterie créée ou restaurée par Vauban en 1688 et dont le gardien en 1730 était un nommé Jacques Labbé dit Lajoye, par ailleurs sonneur de cloches à Lochrist et la construction de trois redoutes prescrites par Vauban fin du XVIIè . En 1757-58, la défense côtière est réorganisée le long des côtes de Bretagne. En même temps que le magasin général du Cosquies, des bâtiments neufs sont construits pour toutes les batteries du Conquet et de Ploumoguer. La nouvelle batterie des Renards est armée de quatre pièces de 18, elle dispose d’un bâtiment pour loger les soldats et d’un magasin à poudres. L’air salin et le mauvais entretien général font qu’à l’inspection de 1777, deux canons sur quatre sont notés hors d’usage. Les trois premières redoutes datant de la fin du 17e s. seront modernisées au 19e s. Le corps de garde crénelé de l’îlette de Kermorvan a été construit en 1847. Il s’agit vraisemblablement d’un modèle n° 2 pour 40 hommes à deux bretèches par côté dont l’armement « régulier » consistait en 8 canons disposés en batterie à barbette. La batterie a été déclassée en 1876. Le corps de garde assure non seulement les fonctions de caserne, de magasin à vivres et de magasin de batterie mais également le flanquement du rempart et de l’accès au fort. Ces défenses se présentent alors sous la forme de six ouvrages construits de 1846 à 1852 complétés par deux redoutes pour l’infanterie dont la redoute Vauban. Elles combinaient l’action de batteries de côte, de retranchements, de redoutes et de troupes mobiles. Le corps de garde crénelé de l’îlette de Kermorvan a été construit en 1847. En 1860, les batteries côtières déclassées par l’Inspection Militaire. Durant la seconde guerre, des fortifications côtières seront réalisées dans le cade du mur de l’Atlantique.
ILE OUESSANT(29) :
Dès le XIIIe siècle, des postes de guet avaient été placés dans l’île d’Ouessant pour prévenir les attaques de la marine anglaise. À la fin du XVIIe siècle, un plan spécifique de protection du port militaire de Brest envoie une mission d’étude présidée par le chevalier de Tourville à Ouessant dès 1681 pour l’étude de l’installation d’un port et de différentes batteries. Vauban décide d’entreprendre la construction de deux tours avec fanal en baie du Stiff pour en protéger les navires s’y abritant. Dessiné par Vauban en 1685, le projet est validé en 1695. Il sera construit par Molard en 1699 (après le désastre de la Hougue en 1692 dans le Cotentin où, faute de signalisation côtière, une quinzaine de vaisseaux français, dont le navire-amiral Soleil-Royal, furent coulés par la flotte anglo-hollandaise), perché sur une falaise de 60 mètres, il domine les flots de près de 90 mètres. Il est constitué de deux tours tronconiques accolées, l’une abritant l’escalier, l’autre trois chambres superposées destinées au logements des gardiens et comme magasin de stockage du charbon, que l’on peut toujours identifier dans l’architecture de l’édifice. Il est un des 6 premiers phares construits par Vauban et un des plus anciens phares de France encore en activité après celui de Cordouan. En 1702, le premier phare de l’île s’allume au lieu-dit « Tombeau de Béhault ». Le feu ne fonctionnait que les mois d’hiver et était alimenté en bois et charbon par les gardiens. En 1717, le feu ne sert plus car il doit être restauré. En 1780, on y installe un appareil à réflecteur du fabricant d’éclairage Tourtille-Sangrain avec des lampes à huile. En 1821, le réverbère est modifié avec 12 lampes paraboliques. En 1884, on construit les bâtiments annexes pour le logement des gardiens. Les bâtiments de service sont acquis par le conservatoire du Littoral en 2003 et restaurés en 2014.


KERLOUAN(29) :
Logiquement tourné vers la mer afin de surveiller la côte, le corps de garde est à l’origine du village de Meneham. L’incertitude demeure quant à la date de sa construction. En effet, longtemps attribué à Vauban (1633-1707), ce projet étant cité parmi ses travaux, plusieurs éléments laissent à penser qu’il aurait été édifié vers 1756, soit une cinquantaine d’années après la mort de ce dernier. Le Duc d’Aiguillon, alors commandant en chef de la Province de Bretagne de 1753 à 1768 a en effet ordonné la construction d’un grand nombre de corps de garde sur le littoral breton. Celui de Meneham en fait probablement partie. Sa construction achevée, le corps de garde est occupé par la milice, recrutée localement par la paroisse qui se doit également d’entretenir le site. Dès 1792, ces derniers sont alors remplacés par des douaniers. Tout d’abord logés au Théven, un quartier voisin de Meneham, ils s’intallent dès 1840 avec leurs familles dans la caserne du village. Ils y resteront jusqu’en 1860 avant de laisser leur place aux paysans-pêcheurs-goémoniers. Stratégiquement implanté à 21 m au dessus du niveau de la mer, la vue qu’il offre s’étend du phare de Pontusval en Brignogan-Plages jusqu’à celui de l’Ile Vierge en Plouguerneau, le phare en pierre le plus haut d’Europe. à Kerlouan. Le site de Meneham fait l’objet d’un classement en 1975. L’auberge ferme deux ans plus tard, et les habitants désertent le site. Les bâtiments, ainsi délaissés, tombent peu à peu en ruine et le dernier habitant quitte Meneham en 2001. L’objectif principal est alors de restaurer le village à l’identique en respectant l’architecture existante et les matériaux d’origine. Le projet est réellement lancé en 2002 et la restauration commence en novembre 2004 pour s’achever en juin 2009.